Spécificités des populations clés

Personnes de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres

Bien que la diversité regroupe tous les vécus, pour le présent contexte, la diversité sexuelle et de genre est un terme parapluie englobant les réalités de toutes les personnes qui ne s’identifient pas comme hétérosexuelles – donc qui ne sont pas attirées physiquement, sexuellement, romantiquement et/ou émotivement par les personnes du genre opposé –, et qui ne sont pas cisgenres – c’est-à-dire dont le genre ne concorde pas avec leur sexe assigné à la naissance.

2SLGBTQIA+
Acronyme regroupant les différentes communautés de la diversité sexuelle et de genre. 

2S
Les personnes bispirituelles (two-spirit), dans certaines cultures autochtones de l'île de la Tortue (Amérique du Nord), sont des personnes qui ont un esprit féminin et un esprit masculin ancrés dans un même corps. Ce terme est utilisé pour décrire l’orientation sexuelle, l’identité de genre et/ou l’identité spirituelle. Cependant, chaque communauté a sa propre définition de la bispiritualité et cette dernière ne peut pas être réduite à une identité ou à une orientation sexuelle. Ce terme est enraciné dans les cultures autochtones et une personne allochtone devrait plutôt utiliser le terme « bigenre » pour se définir si elle le désire. 

L
Les personnes lesbiennes sont des femmes qui sont attirées physiquement, sexuellement, romantiquement et/ou émotivement par des femmes. 

G
Les personnes gaies sont plus souvent entendues comme désignant des hommes qui sont attirés physiquement, sexuellement, romantiquement et/ou émotivement par des hommes. « Gai·e » peut aussi être utilisé au sens plus large pour décrire une personne qui est attirée par les personnes du même genre.

B
Les personnes bisexuelles sont attirées physiquement, sexuellement, romantiquement et/ou émotivement par des personnes du même genre et de genre différent. 

T
Les personnes trans sont des personnes dont l’identité de genre ne correspond pas à leur  sexe/genre assigné à la naissance. Elles peuvent avoir entamé ou non une transition sur le plan social, légal ou médical. 

Cette définition inclut les personnes non binaires, mais ce ne sont pas toutes les personnes non binaires qui s’identifient comme trans. Le terme « non binaire » est un terme parapluie qui rassemble les identités ne se conformant pas à la binarité homme/femme. Il existe plusieurs termes repris par les personnes non binaires pour se définir, comme « genderqueer », « genderfluid », « gender nonconforming », « non binaire », « androgyne », « bigenre», etc. 

Q
Cette lettre désigne les personnes queers et « en questionnement ». Le terme anglais « queer » signifiait originalement « bizarre », mais a été récupéré par les personnes dont l’identité de genre, l’orientation sexuelle, les pratiques sexuelles, les idées ou les configurations relationnelles ne se conforment pas au modèle cishétéronormatif. 

« En questionnement » désigne les personnes qui sont incertaines de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre, ou qui se questionnent à ce sujet, de manière ponctuelle ou permanente.

I
Les personnes intersexes sont des personnes qui naissent avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux conceptions sociales et médicales binaires des corps (homme ou femme), notamment concernant l’apparence des organes génitaux, le système reproducteur, les hormones ou les chromosomes sexuels, et qui se manifestent à divers degrés sur le plan physionomique. Plusieurs personnes intersexes dénoncent l'imposition d'un sexe ou d'un genre sans vérification préalable de leur identification personnelle.

A
Les personnes asexuelles ressentent peu ou pas d’attirance sexuelle envers autrui et les personnes aromantiques ressentent peu ou pas de sentiment amoureux envers autrui.

+
Désigne la multitude d’identités qui ne sont pas déjà englobées dans l'acronyme. 

Il est aussi important de noter que la majorité de ces termes sont principalement utilisés dans un contexte occidental. Il se peut que des termes, associés soit à la pluralité des genres et/ou de la diversité sexuelle, soient propres à certaines cultures. Certains des termes n’ayant pas de traduction peuvent mener la personne à s’identifier par sa langue maternelle.

Faire attention de ne pas :

  • Outer la personne, c’est-à-dire dévoiler son identité sexuelle ou son parcours trans sans sa permission;

  • Prendre uniquement les informations sur le genre et le nom de la personne qui concordent avec ses informations légales sans demander le prénom et le genre qu’elle utilise couramment. Cela peut forcer la personne à devoir demander une modification au personnel, ce qui peut dévoiler son identité de genre et la mettre à risque de vivre des microagressions;

    • À noter que certaines personnes en début de transition peuvent se mégenrer elles-mêmes, car elles apprennent elles aussi à déconstruire le cishétérosexisme, mais il reste important de continuer à utiliser les bons pronoms et les bons accords pour parler d’elles.

  • Utiliser le prénom de la personne parce qu’il n’est pas encore changé légalement ou utiliser le prénom attribué à la naissance (morinom, deadname);

  • Présumer de l’état physiologique ou de la prise de certains traitements d’une personne intersexe ou d’une personne trans en consultation.

Association professionnelle canadienne pour la santé transgenre

  • Courriel : info@cpath.ca


Portail VIH/Sida du Québec (Carte interactive des sites de dépistage)


Le Dispensaire (Centre de santé communautaire sur le VIH/sida)

  • Téléphone : 450 431-7432

  • Courriel : fiche contact sur le site web 


ASTT(e)Q : Action Santé Travesti(e)s et Transsexuel(le)s du Québec


COCQ-SIDA (Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida)

Guides

Guilbault Fitzbay, M. (2021). Apprendre à nous écrire : Guide et politique d’écriture inclusive. Les 3 sex* et Club Sexu. À commander sur la boutique du Club Sexu.

Conseil québécois LGBT. (2020). Mieux nommer et mieux comprendre : changer de regard sur les réalités de la diversité de genre et les enjeux trans*. https://conseil-lgbt.ca/wp-content/uploads/2023/05/Tajeddine-et-Cremier-CQLGBT-2021-Enjeux-trans-diversite-de-genre.pdf 

Rainbow Health Ontario. (2015). Signalisation pour toilettes. www.rainbowhealthontario.ca/ fr/collection-de-ressources/signalisation-pour-toilette/

National LGBTBTQIA+ Health and Education Center. (2020). Affirmative-Care-for-Transgender and Gender Non-Conforming People: Best Practices for Front-line Health Care Staff. https://www.lgbtqiahealtheducation.org/publication/affirmative-services-for-transgender-and-gender-diverse-people-best-practices-for-frontline-health-care-staff/  

Comité pour la diversité sexuelle et l’identité de genre de la Centrale des syndicats du Québec. (2020). Comment soutenir les membres LGBTQ+ : Guide à l’intention des personnes responsables syndicales. www.diversite.lacsq.org/wp-content/uploads/ 2020/10/ 1920-134_Comment_soutenirMembresLGBTQ_Web2.pdf 

Page, M.M. (2017). Embrase-moi. Guide de sexe plus sécuritaire pour les femmes trans. The 519 Church Street Community Centre et Catie. http://librarypdf.catie.ca/ATI-20000s/26425.pdf

Cactus Montréal. (2011). Je m’engage. Un manuel pour les professionnels en santé et services sociaux qui travaillent avec des personnes transhttps://cerda.info/wp-content/uploads/2019/05/Un_manuel_pour_les_professionnels_en_sant%C3%A9_et_services_sociaux_qui_travaillent_avec_des_personnes_trans.pdf

Chamberland, É. et Bonnefond, S. (2020). Hot. Le guide pour les gars trans et cis. RÉZO. https://www.rezosante.org/guidehot/

Formation en ligne gratuite 

Chaire de recherche du Canada sur les enfants transgenres et leurs familles, le Groupe d’action trans de l’Université de Montréal (GATUM) et le Vice-rectorat aux affaires étudiantes et aux études. (2019). Trans•diversité. https://catalogue.edulib.org/fr/cours/umontreal-dsg101/

Personnes de la diversité corporelle

La diversité corporelle rassemble tous les corps, autant ceux dont l'apparence correspond aux standards de beauté que ceux qui n'y correspondent pas. Elle peut englober plusieurs dimensions, allant de la couleur de la peau à une situation de handicap, mais ici, l’attention est surtout mise sur la question du poids, en particulier en contexte médical. Ainsi, nous aborderons les enjeux liés au poids dans l’accès au dépistage. 

Personne grosse

Terme repris par certaines personnes militant contre la grossophobie pour s'auto-identifier comme personne ne correspondant pas aux standards de minceur imposés par la société. Bien que le terme « gros·se » soit encore considéré comme négatif ou péjoratif pour parler de l’apparence, certaines personnes ont décidé de se le réapproprier pour souligner que la grosseur n’est pas un aspect négatif ou à corriger. 

Étant donné la stigmatisation associée au poids et les normes de minceur inatteignables de notre société, se considérer comme gros·se peut être relatif pour chaque personne. Certaines personnes préfèrent d’autres termes, comme « taille plus », par exemple. Il est important de ne pas décider pour la personne et de ne pas étiqueter une personne comme grosse sans son consentement et selon nos propres barèmes. 

Faire attention de ne pas : 

  • Examiner les habitudes de santé ou le poids d’une personne qui est là pour un dépistage. Les personnes grosses sont sursollicitées à surveiller leur poids, même dans les contextes qui ne le requièrent pas;

    • Ne pas proposer ou insister sur la pesée ou la mesure du corps, alors qu’il n’y a aucun lien avec le dépistage.

  • Qualifier une personne comme grosse, en surpoids ou taille plus lorsqu’elle ne s’est pas elle-même identifiée comme telle;

  • Utiliser des termes reliés au poids comme « surpoids », « embonpoint », « obèse » ou « obèse morbide ». Ces termes diabolisent le poids et sous-entendent qu’il s’agit d’un problème à régler ou d’une situation temporaire, alors qu’il s’agit d’une réalité ou d’une finalité pour plusieurs personnes;

  • Associer de façon unilatérale un poids considéré « dans les normes » et la santé ou parler de « poids santé »; 

  • Présumer des activités sexuelles ou de l’asexualité d’une personne en raison de son poids;

  • Faire des commentaires sur le poids ou la prise de poids d’une personne, que le commentaire soit négatif, positif ou neutre. Les commentaires dits valorisants, comme féliciter une perte de poids, peuvent déclencher un inconfort, en particulier si cela n’a aucun rapport avec le dépistage ou la santé sexuelle. 

À faire pour favoriser l’inclusion :

  • Respecter la décision des patient·e·s de ne pas se faire peser;

  • Si une personne aborde son poids ou sa grosseur, reprendre les termes qu’elle emploie; 

  • Être conscient·e de notre langage corporel et de notre regard. Certains coups d’œil ou expressions faciales, même inconscients, peuvent blesser ou créer un sentiment d’inconfort chez certaines personnes qui ont vécu ou qui anticipent une expérience négative dans un milieu médical;

  • Mettre à l’aise la personne, qui peut être encore plus inconfortable que la moyenne des patient·e·s parce qu’elle craint de vivre de la grossophobie ou que les équipements ou les méthodes utilisées soient non adaptés à son corps, ou parce qu’elle a vécu des expériences antérieures traumatisantes.

Guide

National Association to Advance Fat Acceptance (NAAFA). (2020). Guidelines for Healthcare Providers with Fat Clientshttps://static1.squarespace.com/static/5e7be2c55ceb261b71eadde2/t/605d0b09af80014b16bbb2cd/1616710410284/2020+Guidelines+for+Healthcare+Providers.pdf

Livres

Bernier, E. (2020). Grosse, et puis? Connaître et combattre la grossophobie. Trécarré. 

Bergeron, M. (2019). La Vie en gros : regard sur la société et le poids. Somme Toute.

Série documentaire 

Mercier, C. (2022). J’t’aime gros. https://www.qub.ca/vrai/j-t-aime-gros

Balado

Huard, C. alias Loounie. (2022). À plat ventre : la culture des diètes avec Loounie. https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/9394/plat-ventre-loounie-culture-dietes

Personnes en situation de handicap et neuroatypie

Les personnes en situation de handicap regroupent les personnes qui font face à des obstacles dans leurs possibilités d’interactions sociales et avec leur environnement. Leur handicap peut être temporaire ou permanent, et être de nature physique, intellectuelle, neurologique, sensorielle, psychique ou sociale. 

La neuroatypie (ou neurodivergence), quant à elle, désigne la diversité du fonctionnement neurologique chez les êtres humains et regroupe, entre autres, l’autisme, les troubles du déficit de l’attention (TDA), pouvant présenter de l’hyperactivité (TDAH) ou de l’impulsivité (TDAI), les troubles d’apprentissage, la schizophrénie, le syndrome de la Tourette et les difficultés de lecture comme la dyslexie. Les enjeux de la neuroatypie sont complexes et peuvent être compris sous les enjeux du capacitisme, mais cela n’est pas revendiqué par toutes les personnes neuroatypiques. 

Personne en situation de handicap 

L’utilisation de l’expression « personne en situation de handicap » est privilégiée par une majorité de personnes concernées, au détriment de l’expression « personne handicapée », pour parler de toute personne vivant avec un handicap. 

L’expression « personne en situation de handicap » réfère à l’environnement social, politique et physique, ainsi qu’à l’organisation de la société, qui handicapent la personne, plutôt que de considérer la limitation fonctionnelle ou le déficit physique comme étant handicapante en soi. 

À noter qu’il n’y a pas de consensus commun au sein des communautés. Même si l’expression « personne en situation de handicap » est couramment utilisée et jugée plus respectueuse, d’autres personnes préfèrent d’autres expressions, telles que « personne avec incapacités », « personne à capacité réduite », etc.

Les situations de handicap peuvent être tant visibles qu’invisibles, et ne sont pas fixes. En fait, 80 % des personnes en situation de handicap auraient une incapacité invisible, et il faut donc éviter de présumer l’absence de handicap. Les situations de handicap peuvent concerner de manière non exhaustive la mobilité réduite, les difficultés auditives et visuelles, les maladies et douleurs chroniques, la santé mentale, la neuroatypie, les lésions cérébrales, etc.

Parler de « handicap » plutôt que « déficience »

Des termes comme « déficience », « incapacité » et « personne souffrant d’un handicap » invoquent l’idée que la personne est souffrante, désavantagée ou anormale en raison de son handicap. Lorsqu’on aborde le handicap, parler de la personne comme étant « en situation de handicap » ou comme « vivant avec un handicap » la distancie du handicap, pour ne pas l’y réduire, et n’impose pas une conception de la personne comme souffrant nécessairement de sa situation.


Personne de petite taille

Le nanisme est une condition médicale complexe et le résultat de multiples causes et conditions liées à la croissance des os et du cartilage. Bien que parler de nanisme ou utiliser l’adjectif « nain » ne soit pas péjoratif, appeler une personne « un·e nain·e » est irrespectueux, puisque cela réduit la personne à sa condition. De plus, le terme « nain » est souvent utilisé pour référer à des personnages mythologiques ou fantastiques, ce qui contribue à entretenir l’idée que les personnes de petites tailles sont drôles ou étranges. 

Faire attention de ne pas : 

  • Présumer qu’une personne neuroatypique ou en situation de handicap n’a pas envie ou n’a pas les capacités d’avoir des activités sexuelles;

  • Présumer des pratiques sexuelles d’une personne en fonction de son apparence ou de sa situation de handicap;

  • Présumer qu’en raison d’un handicap, une personne n’est pas apte à avoir des activités sexuelles et à prendre des décisions en matière de dépistage;

  • Infantiliser une personne par des commentaires ou par la façon dont on s’adresse à elle : 

    • P. ex. : dire que la personne est « cute », « adorable » ou « courageuse » dans sa sexualité.

  • Faire référence à une personne par son handicap ou sa neuroatypie ou en utilisant des termes inappropriés, stigmatisants ou péjoratifs :

    • P. ex. : « l’handicapé·e », « le/la nain·e », « la personne avec un retard mental », « l'autiste », etc.;

    • À noter que parler du handicap d’une personne n’est pas péjoratif ou irrespectueux en soi. C’est plutôt d’y réduire la personne qui pose problème. 

  • Toucher ou déplacer l’équipement personnel d’une personne (fauteuil roulant, canne, etc.) sans sa permission. L’équipement d’une personne en situation de handicap fait partie de son espace personnel; 

  • Dire que certaines choses sont « évidentes » ou « logiques », qu’elles relèvent du « gros bon sens » ou que « tout le monde sait ça ». Cela peut faire sentir des personnes neuroatypiques inadéquates et ne leur permet pas de comprendre votre message.

À faire pour favoriser l’inclusion :

  • Engager des interprètes en langue des signes;

  • Aborder le handicap d’une personne seulement si elle le mentionne. Si on aborde le handicap, le faire avec respect et avec un langage approprié en positionnant le handicap comme quelque chose que la personne a et non pas qu’elle est; 

  • Si quelqu’un accompagne la personne en situation de handicap, s’adresser directement à la personne vivant avec un handicap et non à celle qui l’accompagne. Si la personne concernée par le rendez-vous n’est pas en mesure de répondre ou éprouve des difficultés, la personne accompagnante pourra alors apporter son aide, mais il faut continuer de s’adresser à la personne concernée; 

  • S’exercer à parler des personnes en situation de handicap ou neuroatypiques sans utiliser le handicap ou la neuroatypie comme qualificatif premier; 

  • Si vous parlez d’une personne et que vous devez identifier son handicap, le faire en plaçant la personne d’abord et sans la réduire à son handicap :  

    • P. ex. : faire référence à « la personne ayant des difficultés auditives » plutôt qu’à « la sourde »;

    • À noter que certaines personnes revendiquent leur handicap comme partie de leur identité et vont se réapproprier des termes, comme « personne sourde » ou « personne aveugle », mais il est préférable, en cas de doute, de désigner la personne par son nom ou son titre de civilité. 

  • Essayer de limiter les stimuli, en particulier dans les salles d’examen, comme les bruits irritants, les odeurs fortes, les mouvements brusques, les lumières vives, etc.; 

  • Prévenir la personne lorsque l’on s’apprête à effectuer une action qui suscitera un stimulus sensoriel;

    • P. ex. : prévenir lorsqu’on va allumer ou fermer les lumières, éviter d’avoir une lampe dirigée directement sur le visage de la personne, prévenir lorsqu’on va faire un bruit, etc.

  • Ne pas présumer que la personne qui est devant nous n’est PAS en situation de handicap simplement parce qu’on ne voit pas cette dernière : plusieurs situations de handicap sont invisibles. 

    • P. ex. : les difficultés auditives, visuelles et les handicaps intellectuels ne sont pas toujours visibles.

AlterHéros (organisme pour les jeunes 2SLGBTQIA+ abordant la neuroatypie)

Société québécoise de la déficience intellectuelle

Association des personnes de petite taille

Réseau de la santé sexuelle des sourds du Québec 

Guides

Cloutier, J., Lamoureux, G., Lefebvre, L., Mailhot-Tanguay, C., Gagnon-Roy, M., Plourde, A. et Gagnon, C. (2019). Guide de pratique en ergothérapie : Favoriser la sexualité et la vie amoureuse des adultes présentant une maladie neuromusculaire.  www.savoirs.usherbrooke.ca/bitstream/handle/11143/13738/ERGO_MNM_Sexualite_Final_fr.pdf?sequence=6&isAllowed=y

Taillefer, L., Hénault, I., Langlois, L., Pommier, C. et Prévost, M.-J.  (2013). Lignes directrices en matière de sexualité pour les personnes présentant une déficience intellectuelle (DI) ou une DI et un trouble du spectre de l’autisme (TSA).  Institut universitaire en santé mentale de Montréal. www.sqdi.ca/wp-content/uploads/2021/01/Lignes-directrices-v-longue-FR.pdf

Lemay Brault, M.-J. (2009). La boîte à outils pour défendre et promouvoir l’accessibilité. Le comité des personnes vivant des situations de handicap (CAPVISH).  www.capvish.org/wp-content/uploads/2016/08/pdf_integral.pdf

Guérard, C., Limoges, S. et Roche, L. (2017). Le guide ressources et références en matière d’accessibilité universelle. Altergo.  https://www.altergo.ca/wp-content/uploads/2021/02/guide_references _au_-_printemps_2017-7.pdf

Balado

Lüthi, G. et Raynault-Rioux, L. (2022). Au coin du brasier. https://baladoquebec.ca/au-coin-du-brasier 

Webinaire

Association canadienne de santé publique. (2020). Tell it Like it is: Sexual Health and Wellness for Learners with Developmental Disabilities. www.www.youtube.com/watch?v=bjzpA9jtnTM&list=PLhwO2PjX7LDceMAoSZeBkgSx7SF3QKF9y&index=20 

Personnes racisées et migrantes

Les personnes racisées et migrantes rassemblent d’une part les personnes qui subissent un processus de racisation en raison de particularités physiques, biologiques ou génétiques, et d’autre part les personnes dont l’origine ethnoculturelle est distincte du pays dans lequel elles habitent. 

Il peut s’agir de toute personne qui ne s’identifie pas comme canadienne ou qui n’est pas identifiée comme canadienne par autrui. Ces personnes peuvent être migrantes ou non, et peuvent être racisées ou non. 

La diversité ethnoculturelle est vaste et les particularités culturelles en lien avec la sexualité varient d’un groupe à l’autre. Nous recommandons fortement de consulter des associations et des organismes communautaires ciblant plus précisément des groupes culturels pour vous informer des particularités. 

Les expériences de racisme vécues ou anticipées sont parmi les plus grands obstacles à l'accès au dépistage, au traitement, au soutien et aux connaissances en matière d'ITSS. Les personnes de la diversité ethnoculturelle ont plus difficilement accès au dépistage des ITSS en raison de la discrimination sociale et culturelle, des barrières linguistiques et des préjugés de la part des prestataires de soins, mais aussi de l’ethnocentrisme de nos croyances et de nos standards en termes de dépistage. 

Certaines croyances ethnoculturelles au sujet de la médecine peuvent parfois être en discordance ou en opposition avec nos croyances médicales, ce qui pourrait amener certaines personnes à éviter ou à retarder un dépistage. Une sous-représentation des personnes racisées dans la profession médicale peut créer une méfiance de la part des usager·ère·s, qui peuvent anticiper de ne pas se sentir compris·es, tout comme des angles morts de la part du personnel et un manque de compétences culturelles dû au manque d’expériences vécues dans l’interculturel.

Personne migrante

Personne née dans un autre pays que celui dans lequel elle réside. Au Québec, les personnes migrantes ont différents statuts légaux (résident·e·s permanent·e·s, réfugié·e·s, sans statut, avec visa de permis de travail, d’étude ou de visite, etc.) qui peuvent affecter leur accès au dépistage. Par exemple, les personnes qui ont un visa de séjour temporaire, qui demandent l’asile ou qui sont réfugiées n’ont pas accès à la RAMQ. 

Personne racisée

Personne appartenant à un groupe ayant subi un processus de racisation. Ce terme met en évidence le caractère socialement construit des processus de différenciation des groupes en fonction de la race. Ainsi, une personne ne s’identifie pas nécessairement comme racisée, mais est racisée par autrui (Primon, 2007). Le processus de racisation dépend du contexte, mais généralement, les personnes racisées sont celles qui ne sont pas blanches. 

Les personnes racisées ne sont pas nécessairement migrantes. Par exemple, une personne peut être née au Canada, mais racisée et identifiée comme haïtienne avant d’être reconnue comme canadienne. 

Peuples autochtones

Le terme « Autochtones » réfère aux personnes faisant partie des Premiers Peuples d'Amérique du Nord. Au Canada, cela inclut les Premières Nations, les Métis et les Inuit. Les termes « Indien·ne·s d’Amérique » ou « Amérindien·ne·s » sont à proscrire, puisqu'ils proviennent de l’époque coloniale et sont dérivés de la recherche initiale de l’Inde qui a redirigé les colons vers l’Amérique (Desjardins, Emond-Lane et Cohen-Bucher, 2021).

Au Canada, les peuples autochtones subissent encore une répression et une marginalisation accrues. Les taux d’infection aux ITSS au sein de ces communautés sont nettement supérieurs à ceux de la population allochtone [30] et l’accès aux services de dépistage peut parfois être plus difficile en raison du manque de ressources sur les lieux ou près des communautés et du manque de personnel autochtone formé en médecine et en soins infirmiers. 

Plusieurs personnes autochtones ne font pas confiance au système de santé par anticipation de discrimination ou dû à des expériences stigmatisantes. Elles ont un accès généralement limité à l’éducation, aux services de prévention et aux traitements en matière d’ITSS. L’adéquation entre les pratiques de médecine traditionnelle autochtones et celles de la médecine occidentale est un enjeu important en raison des différences culturelles. 

Chaque communauté des Premières Nations, des Métis et des Inuit a ses propres croyances et traditions, et il est donc pertinent d’engager une communication avec chaque communauté qui fait partie de votre région.

Les croyances et le vocabulaire pour parler de sexualité et d’ITSS peuvent varier d’une culture à l’autre. Posséder des compétences interculturelles permet de trouver un terrain d’entente dans les différentes croyances et pratiques liées à la sexualité en général. Cela signifie de mettre en œuvre des compétences pour favoriser les interactions entre personnes de cultures différentes (Godbout, 2005). Ce processus comprend de :

  • Réfléchir aux éléments culturels qui nous sont propres et qui ont une influence sur notre compréhension, nos croyances et nos attitudes face aux ITSS, aux pratiques sexuelles et aux tests de dépistage; 

  • Être ouvert·e à recevoir les compréhensions culturellement différentes face aux ITSS, aux pratiques sexuelles et aux tests de dépistage; 

  • Tenter de s’y adapter, d’évoluer et d’atteindre les objectifs satisfaisants de prévention de la transmission des ITSS ensemble.

Les pratiques sexuelles n’ont pas la même signification dans toutes les cultures. Il est donc important de nommer les choses explicitement et directement en ne prenant pas de raccourcis culturels.

Il se peut que vous n’utilisiez pas les mêmes mots qu’une personne pour parler de son identité ou de son expérience sexuelle, et c’est normal. L’important est de trouver un terrain d’entente [31].

Chaque personne a une relation unique avec sa culture, ses traditions et ses croyances, d’où l‘importance de garder une ouverture d’esprit face aux éléments culturels qui peuvent avoir un impact sur la consultation et le dépistage, sans pour autant créer de nouveaux présupposés en lien avec l’origine ethnoculturelle des individus [32]. 

Plusieurs préjugés raciaux impactent la prestation de services de santé sexuelle, dont le dépistage des ITSS, en raison de données recueillies sur les risques d’expositions aux ITSS. 

Faire attention de ne pas : 

  • Présumer qu’une personne provenant d’un pays endémique du VIH a des pratiques sexuelles nécessairement à risque;

  • Présumer le risque accru d’exposition au VIH des personnes noires en supposant que toutes les personnes noires sont originaires de pays endémiques du VIH; 

  • Présumer qu'une personne autochtone n’applique pas de pratiques de santé sexuelle en raison de sa culture ou que ses pratiques sont moins valides que celles prescrites par le système de santé occidental; 

  • Présumer que nos croyances en matière de dépistage sont universelles et constituent la seule vérité, et refuser de reconnaitre que nos connaissances et croyances en la matière sont ethnocentristes de la culture occidentale blanche; 

  • Ridiculiser les croyances alternatives face à la prévention, le dépistage et le traitement des ITSS, même si elles ne représentent pas des stratégies efficaces de prévention selon les standards occidentaux. Essayez plutôt de trouver un terrain d’entente avec la personne. 

À faire pour favoriser l’inclusion :

La diversité ethnoculturelle et ses liens avec la sexualité mériteraient leur propre guide pour permettre d’aborder les nuances, les différences et les particularités propres aux différents groupes ethnoculturels. Il est pertinent de s’informer sur les différentes croyances et compréhensions de la sexualité selon d’autres cultures que la sienne en sollicitant l’aide d’organismes communautaires [33].

  • Un point de départ serait de déterminer si votre clinique se situe dans un quartier proche de communautés ethnoculturelles et de contacter les organismes communautaires existants pour établir un partenariat ou une formation sur les compétences culturelles;

  • Ce contact peut aussi vous permettre d’accéder à un·e interprète ou à un·e informateur·trice clé qui pourra vous soutenir dans votre offre de services [34].

Il se peut qu’une personne ne soit pas couverte par la RAMQ en raison de son statut migratoire. Si c’est le cas, offrez-lui les informations sur vos tarifs et laissez-la faire le choix d’accepter ces prix ou d’aller vers d’autres ressources. Il est important de vous assurer de connaitre les ressources où rediriger ces personnes efficacement [35].

Pour les personnes autochtones, il est important de reconnaitre les impacts des traumas intergénérationnels sur leur santé sexuelle et les impacts de la colonisation et du racisme sur leur accès aux services de dépistage [36].

Les identités en lien avec la sexualité peuvent prendre différents sens en fonction des cultures. Il est donc préférable de poser des questions sur les comportements et pratiques sexuelles plutôt que sur l’orientation sexuelle ou le genre des partenaires. Une personne peut ne pas se reconnaitre dans nos conceptions de la diversité sexuelle ou de genre [37].

GapVies 

Médecins du Monde 

Santé sexuelle autochtone (Site élaboré par l'Initiative en matière de santé des Autochtones de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC)

Clinique Mauve (Soins médicaux, psychosociaux, de santé sexuelle et de santé mentale intégrés aux personnes LGBTQI+ migrantes et racisées vivant à Montréal)

CRIC : Carrefour de Ressources en Interculturel

Barlow, K., Loppie, C., Jackson, R., Akan, M., MacLean, L. et Reimer, G. (2008). Culturally Competent Service Provision Issues Experienced by Aboriginal People Living with HIV/AIDS. Pimatisiwin: A Journal of Aboriginal and Indigenous Community Health, 6(2), 155-180. 

James L. (2006). Guide et manuel de prévention du VIH : outil pour les fournisseurs de services servant les communautés africaines et africaines caribéennes vivant au Canada. Le conseil des africains et caribéens sur le VIH/SIDA en Ontario (CACVO) et Women's Health in Women's Hands (WHIWH). https://rinj.org/documents/HIV/24429.pdf 

Hunt, S. (2016). Une introduction à la santé des personnes spirituelles : questions historiques, contemporaines et émergentes. Centre de collaboration nationale de la santé autochtone (CCNSA). https://www.ccnsa-nccah.ca/docs/emerging/ RPT-HealthTwoSpirit-Hunt-FR.pdf 

Desjardins, C., Emond-Lane, L. et Cohen-Bucher, E.. (2021). Guide terminologique en contexte autochtone. Mikana. https://www.mikana.ca/wp-content/uploads/2022/05/Terminology.pdf 

Wilson, D., de la Ronde, S., Brascoupé, S., Apale, A. N., Barney, L., Guthrie, B., ... et Society of Rural Physicians of Canada. (2013). Health professionals working with First Nations, Inuit, and Métis consensus guideline. Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada, 35(6), 550-553. https://doi.org/10.1016/S1701-2163(15)30915-4.

Gouvernement du Canada (2021). Programme fédéral de santé intérimaire : Couverture offertehttps://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/services/refugies/aide-partir-canada/soins-sante/programme-federal-sante-interimaire/resume-couverture-offerte.html

Guides

Agence de la santé publique du Canada. (2015). Questions et réponses : Pratiques d'inclusion dans la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang chez les minorités ethnoculturelles. Gouvernement du Canada. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies- infectieuses/sante-sexuelle-infections-transmissibles-sexuellement/rapports-publications/questions-reponses-minorites/questions-reponses-pratiques-inclusion-prevention-infections-transmissibles-sexuellement-sang-chez-minorites-ethnoculturelles.html

Association canadienne des professeures et professeurs d’université (ACPPU). (2021). Guide de reconnaissance des Premières Nations et des territoires traditionnels. https://www.caut.ca/fr/content/guide-de-reconnaissance-des-premieres-nations-et-des-territoires-traditionnels

Godbout, L. (2005). Guide d’intervention interculturelle dans le quartier Sainte-Marie. Carrefour de ressources en interculturel. https://criccentresud.org/wp-content/uploads/2018/10/guide-dintervention-interculturelle.pdf

30. « Allochtone » est un terme utilisé pour désigner toute personne qui n’est pas originaire de l’endroit où elle habite et est employé au Québec pour référer aux personnes non autochtones. Au Québec, les allochtones comprennent les personnes francophones et anglophones nées au Québec, ainsi que les personnes issues de l’immigration (Leroux, 2011).

31. Par exemple, dans certaines cultures, avoir des relations sexuelles avec des personnes du même genre n’amène pas nécessairement à s’identifier comme gai·e. Au lieu de demander à la personne si elle s’identifie comme gaie, demandez-lui si elle a des relations sexuelles avec des personnes du même genre.

32. Il est particulièrement pertinent d’entrer en contact avec des organismes communautaires œuvrant auprès de différentes communautés ethnoculturelles pour saisir les nuances et le vocabulaire parfois spécifique concernant la sexualité. Vous pouvez consulter les ressources de la section « Personnes de la diversité ethnoculturelle ».

33. Voir la section « Ressources ».

34. Il est recommandé de communiquer les informations en matière d’ITSS et de dépistage aux communautés ethnoculturelles dans divers formats qui cadrent avec leurs valeurs, leurs croyances et leurs pratiques culturelles. Par exemple, collaborer avec des organismes ou des membres d’une communauté ethnoculturelle pour planifier et animer des groupes de discussions et des cercles de partage.

35. Médecins du Monde offre une clinique mobile de dépistage et le Portail VIH/sida du Québec a créé une carte interactive de sites de dépistage qui facilite la redirection vers des ressources alternatives.

36. Aussi, prendre en considération que la personne a peut-être parcouru une grande distance pour avoir accès à des services de dépistage.

37. La diversité sexuelle et de genre peut être tabou dans plusieurs cultures, y compris la nôtre. Il est important de ne pas imposer une identité occidentale aux personnes et de les laisser s’autodéfinir, mais aussi de garder en tête que d’aborder ces questions n’est pas facile pour tout le monde.

Personnes qui exercent le travail du sexe

Le terme « travailleur·euse du sexe » désigne toute personne dont le travail consiste en l’échange consensuel de services sexuels contre une rémunération (argent, biens, logement). Le travail du sexe rassemble l'ensemble des travailleur·euse·s de l'industrie du sexe (masseur·euse·s, téléphonistes érotiques, danseur·euse·s, etc.). 

Dans ce guide, nous nous concentrons sur les travailleur·euse·s qui ont des contacts sexuels directs avec des client·e·s, comme c'est le cas pour les escortes, les travailleur·euse·s dans la rue et les masseur·euse·s. Le travail peut se réaliser dans différents lieux, comme en domicile privé, en maisons closes, dans les clubs de danse érotique, en salons de massage, par la sollicitation de client·e·s dans les endroits publics ou encore sur des plateformes en ligne et à travers des productions pornographiques. 

Il est important de noter qu’au Canada, lorsqu'il est question de travail du sexe avec contact direct, et donc avec la possibilité de relations sexuelles avec pénétration, c'est le terme « prostitution » qui est légalement utilisé. Selon la loi canadienne sur la prostitution, une personne qui exerce le travail du sexe peut demander de l’argent en échange de services sexuels, mais une personne cliente n’a pas le droit de payer pour ces services. Toutefois, notre modèle de loi en est un de criminalisation partielle. La personne cliente est criminalisée et certaines contraintes du Code criminel canadien criminalisent aussi les activités et les conditions de travail des travailleur·euse·s. 

Par exemple, prêter son appartement à un·e ami·e travailleur·euse du sexe est illégal. Gêner la circulation des piéton·ne·s ou des véhicules est également illégal, ce qui oblige les travailleur·euse·s du sexe à entrer rapidement dans les véhicules des clients et limite leur capacité à négocier les services. Cela influence la sécurité des travailleur·euse·s et contribue à maintenir le tabou autour de ces professions [38].

En raison du caractère interdit et secret de leur profession, les personnes qui exercent le travail du sexe évitent généralement les cliniques de dépistage par anticipation de stigmatisation et de discrimination de la part du personnel de la clinique. Ce comportement les rend à risque d’avoir une ITSS non diagnostiquée et d’encourir des complications pour leur santé. 

Comme les personnes qui exercent le travail du sexe ont tendance à éviter le système de santé, il se peut que vous ayez l’impression d’en rencontrer peu dans votre milieu de travail, d’où l’importance d’adopter certaines pratiques pour créer un espace sécuritaire et favoriser un accès aux soins, jusqu’ici difficile pour ces personnes. 

Nous vous recommandons fortement d’établir un partenariat avec un organisme [39] qui œuvre avec les personnes exerçant le travail du sexe, puisque son personnel d’intervention sera équipé pour faire la promotion du dépistage, mais aussi pour vous outiller dans l’adoption de pratiques sensibles à leurs réalités. 

Prostitution ou travail du sexe?

« Prostitution » est le terme repris par la loi canadienne pour parler des échanges entre des services sexuels et des biens ou de l’argent. Bien que certaines personnes revendiquent la réappropriation des termes « prostitution » et « prostitué·e·s », ceux-ci peuvent être considérés comme stigmatisants, puisqu’ils sont encore associés à la déviance, à la corruption et à la criminalité (Nengeh Mensah, 2007). Le terme « prostitué·e » réduit également la personne à son travail, soit l’échange d’argent contre des services sexuels. 

Les termes centrés sur le travail du sexe sont quant à eux à prioriser, car ils reconnaissent la valeur du travail des personnes et n’émettent pas de jugement sur la nature des services rendus (Bruckert et al., 2013). « Travailleur·euse du sexe » [40] est un terme neutre; ce n’est pas un terme engagé. Il permet de se dégager de la stigmatisation associée au terme « prostitué·e » (Nouvelles Intimes, 2021). 

Par ailleurs, dans une visée politique de reconnaissance des droits, parler de « travail du sexe » permet de « repenser cette activité sous l’angle de contrat, d’amélioration des conditions de travail, et de la capacité des travailleur·euse·s du sexe à négocier les différents aspects de leurs services (actes, tarifs et durée) » (Nengeh Mensah, 2007 p. 1). 

Faire attention de ne pas :

  • Émettre des commentaires, des réserves ou des inquiétudes sur le travail du sexe ou victimiser la personne en présumant que le travail est exploitant, et qu’elle ne peut consentir aux échanges de services sexuels; 

  • Insister pour connaitre le nombre de partenaires et de client·e·s d’une personne, ou réagir lorsqu’elle le mentionne. La personne peut ne pas être à l’aise de divulguer cette information par anticipation de jugement. Les pratiques sexuelles et l’utilisation de protections physiques devraient être les premiers déterminants ciblés pour évaluer le risque d’ITSS; 

  • Commenter ou réagir face aux pratiques potentiellement à risque de contraction d’ITSS.

À faire pour favoriser l’inclusion :

  • Prendre le temps de considérer ses propres préjugés à l’égard du travail du sexe et des personnes qui l’exercent. Cela permet aussi de différencier la personne qui se trouve devant soi des stéréotypes qui peuvent l’entourer;

  • Réfléchir à la manière de demander à une personne si elle exerce le travail du sexe. Cela peut être personnel à chaque personne, car poser des questions sur la pratique du travail du sexe n’est pas stigmatisant en soi et normalise l’activité professionnel​​le. Pour certaines personnes, cette question, présentée d’emblée, peut être stigmatisante et envoyer le message que l’on assume qu’elles ne peuvent avoir des pratiques sexuelles sécuritaires en raison de leur profession. Si vous posez des questions sur le travail du sexe, l’important est surtout d’être capable d’écouter la réponse sans appréhension. Les travailleur·euse·s du sexe forment un groupe hétérogène et ne se ressemblent pas tout·e·s; 

  • Offrir une intervention sans jugement, surtout si une personne dévoile qu’elle exerce le travail du sexe ou se confie à ce sujet. Lui signifier qu’on est là pour l’aider à prévenir la transmission d’ITSS, et non pour la juger; 

  • Faire preuve d’ouverture et prendre le temps d’écouter comment la personne présente son expérience du travail du sexe. Si l’on questionne la personne sur son travail, s'assurer de pouvoir lui garantir la confidentialité et le lui signifier; 

    • Si une personne le demande, éviter d’indiquer le travail du sexe au dossier médical; les questions concernant les partenaires connu·e·s ou non, le nombre de partenaires et l’usage de protection devraient être suffisantes pour informer le dossier des pratiques jugées à risque; 

    • S’assurer de questionner la personne sur toutes ses activités sexuelles, y compris les pratiques orales et anales, car certaines personnes n'osent pas le préciser ou demander de passer certains tests par gêne. On observe d’ailleurs une recrudescence des ITSS comme la gonorrhée dans la gorge depuis quelques années.

  • Offrir une certaine flexibilité à la personne pour les méthodes de réception des résultats et des traitements; 

  • Envisager que la personne n’a peut-être pas une couverture de la RAMQ.

    • S’assurer de pouvoir lui spécifier les tarifs ou la rediriger vers d’autres services inclusifs ou spécialisés qui seront respectueux de son métier, comme la clinique de l’organisme Stella. Si vous désirez offrir des services de dépistage aux travailleur·euse·s du sexe, assurez-vous d’entrer en contact avec un organisme spécialisé pour obtenir une formation et établir une collaboration et un suivi; 

    • Il est primordial d’établir un lien de confiance pour offrir un tel service, d’où la nécessité de travailler en partenariat avec des organismes;

    • Il serait nécessaire de prévoir l’offre de services mobiles, qui peuvent se déplacer dans les milieux de travail des travaillleur·euse·s du sexe;

    • Il est important de comprendre que le travail du sexe est souvent lié à d'autres motifs de marginalisation, comme être une personne racisée, autochtone ou trans.

Programme Travail du sexe (RÉZO)

  • Téléphone : 514 521-7778 poste 224

Projet intervention prostitution Québec

Stella

Projet Lune

PIaMP

Sphère/Vénus

ASTT(e)Q : Action Santé Travesti(e)s et Transexuel(le)s du Québec

Santini, K., Klein, A., Stella, Amie de Maimie et Butterfly Asian and Migrant Sex Worker Support Network. (2020). Travail du sexe et discours sur la réduction des méfaits. Document de réflexion. https://chezstella.org/wp-content/uploads/2020/09/Travail-du-sexe-et-discours -sur-la-re%CC%81duction-des-me%CC%81faits-.pdf

Bruckert, C., Caouette, A.-A., Clamen, J., Gillies, K., Kiselbach, S., Laliberté, É., Santini, T., Scott, K. et Symons, E. (2013). Une affaire de langage : parler du travail du sexe. Stella. https://chezstella.org/ wp-content/uploads/2020/03/StellaFeuilletInformationLangage2013.pdf

Nengeh Mensah, M. (2007). Travail du sexe. 14 réponses à vos questions. Stella et le Service aux collectivités de l’UQAM.https://chezstella.org/en/stellibrary-publications/14-answers-to-your-questions/

Nouvelles Intimes. (2021, 27 juillet). Petit lexique pour les personnes qui veulent mieux comprendre le travail du sexe. https://nouvellesintimes.substack.com/p/legal-illegal-comme-une-chanson-de?s=w

Gouvernement du Canada. (2017). Document technique : Projet de loi C-36, Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d'exploitation. https://www.justice.gc.ca/fra/pr-rp/autre-other/protect/p1.html

38. Pour plus d’informations, consulter le Document technique : Projet de loi C-36, Loi sur la protection des collectivités et des personnes victimes d'exploitation (Gouvernement du Canada, 2017), disponible dans la sous-section « Pour aller plus loin ».

39. L’organisme Stella a sa propre clinique et offre plusieurs services, dont le dépistage des ITSS. L’organisme recommande aussi deux autres cliniques : la clinique de dépistage du CLSC de la Visitation, avec mention d'une personne ressource, et la clinique mobile de Médecins du Monde. Vous pouvez les retrouver dans la section « Ressources ».

40. Le terme « travail du sexe » date de 1978. C'est Carol Leigh qui l'a créé lors d'une conférence organisée par le groupe Women Against Violence in Pornography and Media. La terminologie utilisée lors de l’évènement était « sex use industry ». Leigh lui a préféré « sex work » et « sex worker », motivée à créer une atmosphère de tolérance et à admettre l'agentivité des personnes dans l'industrie (Nouvelles Intimes, 2021).

Précisions concernant le dépistage du VIH

Environ une personne sur 10 au Canada ne sait pas qu’elle vit avec le VIH (Gouvernement du Canada, 2018). Puisqu’une infection au VIH entraine souvent de la stigmatisation, plusieurs personnes évitent de se faire dépister par peur d’obtenir un résultat positif. Il est donc important de favoriser le dépistage régulier et d’offrir des espaces sécurisés pour limiter la stigmatisation et, par le fait même, l’évitement. 

Les personnes issues des communautés queers, particulièrement les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HARSAH), sont surstigmatisées en raison de l’épidémie de VIH, non seulement dans leur quotidien, mais aussi dans les services et soins de santé sexuelle, ce qui a des impacts sur leur bien-être émotionnel, leur santé mentale, physique et sexuelle et sur leurs habitudes de dépistage et de prévention (Challacombe, 2020; Smit et al., 2012).

Cette section concerne spécifiquement les pratiques à adopter dans le dépistage du VIH. L’accompagnement et le suivi médical ne sont pas abordés, mais vous pouvez consulter les ressources mises à votre disposition pour aller plus loin.

Personne vivant avec le VIH

On dit qu’une personne « vit avec le VIH » ou qu’elle est « séropositive » et non qu’une personne « a le sida », car c’est seulement en l’absence de traitement et après beaucoup de temps que le VIH peut se transformer en syndrome d’immunodéficience acquise (sida). En fait, l’infection au VIH peut traverser trois stades avant d’arriver au sida, si la personne qui vit avec le virus n’a pas un suivi médical approprié et ne reçoit pas de traitement. Une personne vivant avec le VIH n’a donc pas nécessairement le sida. D’autant plus que le sida a encore une connotation négative en étant associé au décès des personnes séropositives : c’est pourquoi on dit qu’une personne vit avec le VIH. De même, il importe de mettre l’accent sur le mot « personne », car c’est avant tout un individu avec une vie à part entière, dont le VIH n’est qu’une composante. 


Antirétroviraux (ARV)

Les ARV sont les médicaments utilisés pour traiter l’infection au VIH. Lorsque pris correctement, ils empêchent le virus de détruire les cellules du système immunitaire pour se reproduire et d’évoluer jusqu’au stade du sida. Les ARV peuvent contribuer à reconstituer le système immunitaire s'il est affaibli ou aider à le maintenir s'il n'est pas (encore) affaibli. Grâce à ce traitement, une personne vivant avec le VIH a aujourd’hui une espérance de vie relativement similaire à une personne ne vivant pas avec le virus (à condition d’être traitée).


Indétectable = intransmissible (I = I) 

« I = I » ou « indétectable = intransmissible » est une avancée scientifique des plus importantes dans la recherche sur le VIH. I = I est intégré aux lignes directrices québécoises, canadiennes et mondiales concernant le traitement du VIH, la PrEP (prophylaxie pré-exposition) et la PPE (prophylaxie post-exposition). I = I signifie une absence de risque de transmission lorsqu’une personne maintient sa charge virale indétectable. Plusieurs études ont confirmé que lorsqu’une charge virale indétectable est maintenue, il n’y a pas de transmission du VIH, même lors de relations sexuelles sans préservatif. De ce fait, maintenir une charge virale indétectable est aussi une stratégie de prévention efficace contre la transmission du VIH. 

Une charge virale est indétectable lorsqu’elle est inférieure à un seuil détectable par les tests standards. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (MSSS), une charge virale inférieure à 200 copies/ml est considérée comme intransmissible. Le MSSS déclare qu’il y a impossibilité de transmission lorsqu’il y a une prise des ARV, que la charge virale est considérée comme indétectable et que cela est confirmé par des tests réguliers de la charge virale, soit aux 4 à 6 mois. 

Pour en savoir plus sur les risques de transmission et les situations de non-transmission, consultez le site de Prêt pour l’action ou de COCQ-SIDA

Faire attention de ne pas :

  • Proposer un dépistage du VIH en vous basant sur les caractéristiques identitaires que vous croyez reconnaitre chez une personne. Bien que certaines communautés soient considérées comme plus à risque de contracter le VIH, se baser uniquement sur ces caractéristiques peut renforcer les préjugés et la stigmatisation envers les personnes qui vivent avec le VIH. 

À faire :

  • Baser vos recommandations sur les comportements et pratiques sexuelles. Consultez la section Inclure la personne dans l’évaluation des tests à réaliser pour en savoir plus;

  • S'informer sur la prophylaxie pré-exposition (PrEP) et la prophylaxie post-exposition (PPE). Le Guide québécois de dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang comprend une section sur la PrEP et la PPE (voir la section Pour aller plus loin plus bas); 

  • Conserver la confidentialité du statut séropositif de vos patient·e·s, et ce, même entre intervenant·e·s. Étant donné la stigmatisation qui persiste entourant les personnes qui vivent avec le VIH, dévoiler sa séropositivité est un enjeu sensible qui devrait demeurer le choix de chacun·e. Assurez-vous de ne pas dévoiler le statut d’une personne sans son consentement, même à vos collègues de travail.

COCQ-SIDA (Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida)

Portail VIH/sida (Service de notification anonyme et gratuit des partenaires)

CATIE (Informations)

Programme national de mentorat sur le VIH et les hépatites

Approche de statut neutre

CATIE. (2019). La neutralité en matière de statut VIH : un changement de paradigme [blogue]. https://blog.catie.ca/2019/11/04/la-neutralite-en-matiere-de-statut-vih-un-changement-de-paradigme/?lang=fr 

Notification des partenaires

Ministère de la Santé et des Services sociaux. (2019). Soutenir la personne atteinte d'une ITSS pour qu'elle avise ses partenaires : quatre étapes. Gouvernement du Québec. https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2019/19-308-07W.pdf

Fleury, É. et Laberge, C. (2019). Guide québécois de dépistage des infections transmissibles sexuellement et par le sang. Ministère de la Santé et des Services sociaux. https://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/document-000090/

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